Sentier printanier
Il est un sentier creux dans la vallée
étroite,
Qui ne sait trop s'il marche à gauche ou à droite.
C'est plaisir d'y passer, lorsque mai sur ses bords,
Comme unjeune prodigueégrème ses trésors.
L'aubépine fleurit; les frêes pâquerettes
Pour fêter le printemps, ont mis leurs collerettes.
La pâle violette, en son réduit obscur;
Timide essaie au jour son doux regard d'azur;
Et le gai bouton d'or, lumineuse parcelle,
Pique le gazon vert de sa jaune étincelle.
Le muguet, tout joyeux agite ses grelots
Et les sureaux sont blancs de bouquetsFrais éclos;
Les fossés ont des fleurs à remplir vingts corbeilles.
A rendre riche en miel tout un peuple d'abeilles.
Théophile Gautier